Après un bruit fort, un changement de position inopiné, ou une lumière soudaine, bébé ouvre les bras et les jambes puis les resserre vers lui dans une étreinte. Il s’agit du réflexe de Moro. On fait le point sur ce réflexe archaïque qui fait partie de son développement cérébral.

C’est un réflexe parfois impressionnant pour les nouveaux parents. Après un mouvement brusque, un stimuli sensoriel intense ou inconfortable, le nouveau-né peut répondre d’une façon surprenante: il ouvre ses bras et ses jambes puis les ramène le long de son corps en se recroquevillant comme s’il voulait attraper ou étreindre quelqu’un ou quelque chose. Ce geste primaire s’appelle le réflexe de Moro. Découvert pour la première fois par le pédiatre autrichien Ernst Moro, il est également baptisé « réflexe du parachutiste » et trouverait son origine dans l’instinct de survie du bébé: celui de s’accrocher à sa mère en cas de danger.
Rôle, test, évolution… on fait le point avec le Dr Hervé Haas, chef du service de pédiatrie du Centre hospitalier Princesse-Grace de Monaco.
De quoi s’agit-il?
Chez le nouveau-né, le réflexe de Moro est normal et involontaire. Afin de s’adapter à son environnement, le bébé développe des automatismes tels que le réflexe de Moro ou la succion. Au fur et à mesure, ils sont voués à disparaître.
En effet, le cortex (substance grise du cerveau) va prendre de plus en plus d’ampleur et les gestes du bébé vont devenir de plus en plus volontaires. Le réflexe de Moro va se transformer en réflexe de sursaut que l’on connaît tous.
Pourquoi ce réflexe est-il important?
La présence du réflexe de Moro – de la naissance et jusqu’à l’âge de trois mois environ – signifie que le bébé est en bonne santé et qu’il se développe normalement d’un point de vue moteur et neurologique. Chez les enfants prématurés, ce geste peut être discret et arriver un peu plus tardivement. Le réflexe de Moro fait partie de l’examen neurologique du nourrisson lors des premières visites chez le pédiatre. Son déclenchement volontaire permet d’évaluer le bon fonctionnement du système nerveux central.
Il arrive que le réflexe de Moro s’accompagne de pleurs. Pourquoi?
En cas de mouvements ou de bruits inattendus, le nourrisson peut avoir la sensation de tomber dans le vide ou de ne pas maîtriser son espace. Rappelons que le nouveau-né passe du ventre de sa mère – endroit très sécurisant – à un espace infini à sa naissance. Il y a de quoi être désorienté! C’est pourquoi ce geste archaïque s’accompagne parfois de cris ou de pleurs. Pour apaiser l’enfant, il faut reproduire cette sensation de cocon. Il doit se sentir soutenu au niveau corporel et enveloppé.
Comment faire?
Parfois, il suffit juste de contenir l’enfant avec une main sur la tête et l’autre sous les pieds. A la naissance, les bébés ne voient pas bien. Alors, on rapproche son visage très près de lui, on lui sourit et on lui parle paisiblement. Évidemment, il faut éviter de le poser brusquement, le préserver de lumières vives et de bruits trop forts. Pour calmer les pleurs, il est également possible d’utiliser un cocon pour bébé. Cela permet de maintenir tout son corps dans une position semi-fœtale. Emmailloter le nourrisson peut également diminuer les réveils dus au réflexe de Moro. Pour ce faire, on peut utiliser, de temps en temps, un lange ou une couverture spéciale. L’utilisation de la gigoteuse lui donne également la sensation d’être contenu.
Quand doit-on s’inquiéter?
Pour le réflexe de Moro, sa persistance après l’âge de cinq mois ou son inexistence dans les premiers mois de vie ne sont pas des situations normales. Cela signifie qu’il peut y avoir une anomalie (problème de développement, trouble neurologique…), qui nécessite une prise en charge. Généralement, il ne s’agit pas d’un phénomène isolé et il s’accompagne d’une difficulté à tenir la tête ou d’un problème de succion.
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